Avril 2018
J’arrive au Brésil après avoir traversé l’Atlantique à la voile. On m’invite à Brasilia, la capitale, où se trouve l’administration et la politique du pays. Ce qui tombe bien puisque j’ai choisi d’aller au Brésil pour étudier et documenter les changements avec ce nouveau gouvernement.
Hasard des choses, j’arrive juste au moment de l’ATL (Acampamento Terra Livre) le rassemblement des indigènes sur l’esplanade des ministères, qui a lieu tous les ans depuis 2004 pour manifester pour leur droits qui sont bafoués depuis que cette terre a été envahie par les colons. C’est lors de cette première édition en 2004 qu’a été créé l’APIB (Articulation des Peuples Indigènes du Brésil), qui coordonne toute la défense et lutte indigène du Brésil.
J’ai donc pu me baigner directement dans cette réalité. Touché par ces injustices et cette constante pression qu’ils vivent, je décide que de mon temps au Brésil, je ferais de mon mieux pour soutenir leur cause.
Mars 2020
Début de la pandémie COVID-19, la maladie se répand dans le monde et la peur se généralise. L’Ambassade de France au Brésil invite les Français à rentrer, je choisis de rester pour vivre cette période difficile avec les Brésiliens.
Peu de temps après, la maladie atteint les villages indigènes isolés, d’abord amenée par le gouvernement puis par les employés de la méga entreprise JBS, plus gros producteur de viande. L’APIB lance le plan « Emergencia Indigena » (Urgence indigène) pour faire face à la situation.
En plus de ça, le gouvernement a retiré les fonds de l’IBAMA, la police armée qui protège la forêt Amazonienne et lutte contre la déforestation et l’orpaillage illégal (Institut brésilien de l’environnement et des ressources naturelles renouvelables). Maintenant ce sont ces orpailleurs, éleveurs de bétail et producteurs de soja qui sont armés. Ils intimident les indigènes, brûlent leur maisons, détruisent leur forêt et assassinent leurs plus grands représentants.
Début 2021
Suite à l’annonce que ma petite sœur était enceinte, je reviens sur ma décision de ne plus jamais prendre l’avion et je rentre en France sans l’annoncer pour lui faire la surprise. À notre rencontre nous sommes tous les deux tombés en larmes, ça faisait plus de 2 ans qu’on ne s’était pas vu. Peu de temps après, le magnifique petit Florentin est arrivé au monde pour nous apporter un grand changement. Beaucoup d’émerveillement évidemment et une joie qui ne peut être décrite. Mais aussi beaucoup de responsabilité et de devoir d’engagement car on sait aujourd’hui clairement que le climat est en train de s’emballer et donc ces enfants, malgré les privilèges qu’ils ont d’être nés en France, ne connaîtrons pas adultes, la stabilité que nous connaissons.
Peu de temps après le groupe Gojira, de notoriété internationale, qu’on peut classer de « Métal conscient » car ils sont engagés pour l’humain et l’environnement depuis leurs débuts (notamment un soutien à Sea Shepherd qui défend les océans) lance son « Opération Amazonia ». Avec la réalisation d’un clip musical dont les bénéfices iront à l’APIB et le lancement d’une campagne de financement participatif pour cette même organisation.
Ils réussissent à mobiliser toute la communauté mondiale du métal, les musiciens des plus grands groupes mondiaux offrent leurs instruments qui sont mis en enchère. Ils relèvent plus de 300000$ pour l’APIB!
Pris d’émotion par l’incroyable beauté de ce geste et énergisé par l’intensité de la musique, j’apprends qu’ils sont en ce moment en France et je décide que j’irais à leur rencontre, en vélo, pour être cohérent avec le discours environnemental et parce que pour réaliser des rêves il faut un peu d’effort.
Leur cagnotte étant terminée, je décide de lancer la mienne que j’irais aussi reverser à l’APIB:
Participe à la cagnotteUn ami me prête un vélo, c’est parti pour l’aventure!
Jour 1: Niort -> La Rochelle – 90km
Le départ
Sachant que l’objectif était d’arriver vers un lieu fort en énergie, la plage de Ondres, où les membres de Gojira ont grandi, avec la puissance des vagues du sud des Landes et la majestuosité des arbres, j’ai décidé de prendre le départ d’un autre lieu puissant et beau: le cimetière naturel de Souché à Niort, le premier cimetière naturel de France. C’est là où reposent ma mère et mon grand frère. C’est le seul lieu au monde auquel je suis profondément attaché. Un endroit parfaitement exceptionnel car c’est un lieu qui déborde de vie, pour les morts. Qui a deux aspects très importants.
Premièrement le côté humain. Notre corps retourne directement à la terre et pour les personnes qui restent, la présence des arbres, qui ont cette vertu de nous faire du bien grâce aux phytoncides (étude de l’École de médecine de Tokyo), apporte une légèreté d’une très forte valeur face au poids du deuil. Aussi, passer du temps dans un cimetière comme celui-ci nous permet de réaliser la réalité de la mort qui fait se rendre compte de la beauté et de la valeur de la vie.
Ensuite, le côté nature. Au lieu d’avoir un espace d’artificialisation du sol par le béton, le granit et les allées de gravillons. On a un espace de régénérescence du sol et de maintien de la biodiversité locale par la diversité d’arbres, les fleurs sauvages, les allées en herbe et les espaces d’herbes folles.
J’y ai passé beaucoup de temps et j’ai fait des photos. J’ai utilisé cet outil pour communiquer avec ma mère. Je lui montrais la beauté qui l’entourait, à travers mon regard. Comme je le faisais avant avec mes images de voyages. J’ai un projet de livre avec ces images et des réflexions autour du rapport entre la vie, la mort et la nature.
Départ pluvieux, départ heureux!
Photos de Romuald Goudeau
Pour ce départ joyeux, j’ai eu la chance d’avoir la présence de mon père, de mon ami photographe qui me prête le vélo et d’une élue municipale qui a participé à la création du cimetière et qui a un intérêt pour la défense de l’environnement et donc de l’Amazonie.
Pour planifier mon parcours j’ai utilisé le site Francevelotourisme qui montre toutes les pistes cyclables de France
Le parcours a été pour moi un profond moment de reconnexion, car je suis passé par le Marais Poitevin, la région où j’ai grandi et où j’ai passé beaucoup de temps lorsque j’étais guide à promener les gens en barque. Donc beaucoup de lieux magiques que je n’avais pas vu depuis longtemps et que je découvrais avec un nouveau regard.
Premier jour sur le vélo et déjà un gros problème: C’est trop beau!
J’étais obligé de m’arrêter partout pour apprécier pleinement la beauté qui se trouvait devant moi et pour faire des photos. Avec la pluie il y avait une atmosphère très douce qui régnait et une profonde vivacité de la verdure. Je m’émerveille de tous ces petits détails qui font la spécificité de cette région.
J’accompagnais mes coups de pédale de musique. Pour cette première journée je me suis fait l’intégrale de Gojira. J’envoyais des pensées pour faire que je réussisse à les trouver à Ondres et des pensées aux peuples indigènes du Brésil qui à cet instant étaient en lutte à Brasilia avec l’espoir que ma cagnotte soit fructueuse pour les soutenir.
Arrivé à La Rochelle, c’est la joie à l’état pur. Revoir cette ville que j’adore, où j’ai étudié et travaillé pendant 4 ans et où j’ai vécu de nombreuses histoires. Mais ce trajet de Niort à La Rochelle que j’ai fait tellement de fois en voiture, ce coup-ci je venais de le faire en vélo et c’est incomparable. Là je venais de vivre une expérience merveilleuse, à respirer le bon air et découvrir de nombreux trésors.
Repos à La Rochelle
J’ai été accueilli par un ami que je n’avais pas vu depuis longtemps alors j’ai décidé de passer une journée à profiter de sa compagnie et de La Rochelle en été.
La Rochelle -> Rochefort – 35km
Il fait beau et je dois parcourir une distance courte, alors je mets plein gaz. En plus j’ai l’air marin et le vent dans le dos. De la piste cyclable tout du long avec la Vélodyssée avec seulement du plat qui fait que je ne me suis pas arrêter, sauf lorsque j’ai vu une boîte à livre avec un vélo
Première nuit en Warmshower et direction le village proche de Cognac où se trouvent ma soeur, mon beau-frère et mon neveu – ~ 100km
Cette rencontre est venue confirmer tout le bien que j’avais entendu de cette communauté de cyclo-voyageurs. Ça faisait déjà de nombreuses années que j’avais vécu ce phénomène magnifique d’être accueilli chez l’habitant et d’accueillir chez soi grâce à Couchsurfing (qui perd de son âme depuis que le site est devenu payant). Mais là j’allais découvrir la version où se sont des cyclistes qui accueillent des cyclistes. Et donc, pas de surprise, c’est un couple engagé dans leur vie professionnelle autant que personnelle dans la protection de l’environnement. Nous avons passé la soirée à échanger sur nos visions du monde et nos projets pour participer à notre échelle aux changements que nous souhaitons voir.
Le lendemain, ils m’ont accompagné en vélo jusqu’à la radio Demoiselle où j’étais attendu pour une interview.
J’ai ensuite continué ma route avec toujours cette joie de monter sur le vélo pour passer ma journée à pédaler
Alors que je faisais un petit arrêt pour grignoter, je remarque un monsieur qui me paraissait sympa et authentique, alors j’ai pu avoir une conversation avec un personnage du coin.
Je suis arrivé à Saintes un peu tardivement pour trouver à manger, mais j’ai eu l’immense chance de trouver un petit restaurant éco-responsable qui était en train de fermer (Veg’eat). La dame a accepté de me servir. Ils font des plats végétaliens avec des produits locaux et de saison. Et en plus ils fournissent des emballages qui sont compostables! Le top!
J’ai repris la route et c’est quelques dizaines de kilomètres plus loin, alors que je passais dans une zone naturelle protégée que j’ai eu le droit à une situation un peu drôle et aventuresque. Je faisais ce parcours en suivant les panneaux d’indication, mais à un moment j’ai pas dû bien comprendre et j’ai pris le mauvais chemin. Ça m’a mené vers un chemin qui se faisait de plus en plus petit. Jusqu’à ce que je traverse une petite passerelle pour ensuite arriver dans un champ d’herbes hautes. J’ai fait tout le tour dans l’espoir de trouver une sortie qui me ramènerait vers la piste. Sauf que non, le champ était entouré d’eau et je suis arrivé à la passerelle que j’avais prise. Un peu déçu je repars et c’est là que je découvre que j’avais perdu mes écouteurs! Je me suis dis qu’il n’y avait aucune chance que je les retrouve dans ces herbes hautes. Mais je trouvais ça tellement idiot de lutter contre l’usage du plastique et ramasser les déchets des autres pour laisser un déchet au milieu d’une zone protégée. Alors j’ai refait tout le tour du champ à l’envers. Et j’ai retrouvé les écouteurs!
Jour 5 – repos en famille
Jour 6 – Direction Libourne – ~90km
Après une bonne partie sur les routes départementales des Charentes où j’ai pu avoir un rappel de la difficulté de pédaler en plein soleil avec certaines voitures qui ne font pas attention, j’ai rejoint la Scandibérique (la partie française de l’EuroVelo 3, reliant Trondheim en Norvège à Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne).
À l’arrivée sur la piste, c’était comme une autoroute paradisiaque pour vélo. Avec des arbres tout autour qui apportent l’ombre très appréciée.
J’ai continué de ramasser des déchets dont beaucoup de masques chirurgicaux qui se déchirent rapidement pour étaler des petits bouts de plastique partout, même sur ces pistes qui ne sont accessibles qu’en vélo.
Et dans ce contexte très verdoyant j’ai pu avoir mon esprit porté par des pensées positives et inspirantes grâce à quelques épisodes du podcast Emergences.
Juste au moment où mon ventre chantait l’appel du repas, j’ai trouvé un restaurant routier qui m’a apporté un bon petit plat en toute simplicité qui m’a permis de continuer ma route jusqu’à rejoindre mes nouveaux hôtes Warmshowers que j’avais contacté la veille et qui m’avaient dis « On ne sera pas là quand tu arriveras, on te laissera les clés cachées » ! C’est beau la confiance dans cette communauté de cyclistes.
Visite d’un centre d’enfouissement de déchets et d’un centre de tri avec mon hôte Warmshowers
Mes hôtes ont fait la route de la soie en tandem. Sur la route du Pamir au Kirghizstan, ils ont croisé le chemin d’une chienne exceptionnelle « Côtelette » qui les a suivis jusqu’en France!
Ils sont donc revenus sur un mode de vie plus sédentaire, mais avec le tandem et les vélos toujours près pour de petites comme de grandes aventures. Et d’aventures, ils venaient tout juste d’en commencer une des plus grandes qu’on puisse vivre, celle d’être parent. Leur petite est née peu de temps avant mon neveu. Je suis donc resté dans le contexte bébé trop chou.
Elle, travaillant dans la collectivité locale de gestion des déchets, m’a invité à un évènement qu’ils organisaient de colloque de citoyens pour repenser la gestion des déchets. J’ai donc pu découvrir la face cachée de nos poubelles.
La journée a commencé par une présentation du contexte global de la réalité des déchets avec de nombreuses statistiques. Les quantités sont phénoménales et les coûts le sont tout autant…
Tout ce qui n’est pas recyclé ou composté, considéré non dangereux et non valorisable est « revalorisé » par la multinationale Veolia dans un centre d’enfouissement caché bien loin des regards dans la forêt où on trouve des bassins gigantesques. Ils reçoivent autour de 120 camions, entre 1500 et 1800 tonnes par jour. Ces casiers ont sur le fond un volume d’argile d’un mètre, ensuite un geotextile d’étanchéité, puis un geotextile anti-poinçonnement et enfin en fond de casier une couche de cailloux pour ramener l’eau. Il y a un point bas qui permet de pomper le liquide pour ensuite être traité. Une fois rempli, le casier est recouvert de terre puis ils vont installer des valves de sortie à la surface pour capter les « biogaz » de la transformation des déchets. Ces gaz vont ensuite être transformés en énergie électrique qui est revendue puis de l’énergie thermique qui est utilisée pour chauffer une méga serre de tomates.
Ensuite nous sommes allés au centre de tri du Smicval, le syndicat de gestion des déchets de la région de Libourne qui organise cet événement et qui est engagé dans une démarche zéro déchets avec tout un ensemble de solutions innovantes.
Ce qui ressort de cette visite, c’est que le recyclage ne fait pas de miracles, les déchets que nous jetons avec fierté à la poubelle jaune resterons une pollution et un coût.
Donc:
Le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas
Mais pour cela, c’est tout un chemin de transition et d’apprentissage, donc la meilleure solution c’est l’éducation. Par l’accès à l’information, la visite de ces lieux et la pratique avec des ateliers zéro déchets. Et le Smicval fait un remarquable travail avec ce colloque et des visites régulières pour les écoles.
On remarquera aussi que ces professionnels de la collecte et gestion des déchets ont un métier qui a le plus d’accidents de travail en France. Donc c’est dans l’intérêt de tous de réduire notre production de déchets.
Jour 11 – Libourne -> Villagrain – ~80km
Après quelques jours de repos, je suis en pleine forme pour prendre la route. Ce sera une journée avec principalement de la départementale et beaucoup de soleil intense. Beaucoup de vignes au début, avec de grands châteaux et des canettes de bière en bord de route, puis nos amis inséparables, les masques. Et enfin je trouverais une partie de la Scandibérique avec les forêts de pins et fougères qui m’apporteront une bonne dose de plaisir interne en voyant que j’approche de mon but.
Je serai accueilli à nouveau par un monsieur de Warmshowers dans la soixantaine aux nombreuses expériences de vie dont beaucoup de hauts et de bas dans l’entrepreunariat.
Jour 12 – Gujan-Mestras – ~70km
J’ai remercié mon hôte pour son accueil et j’ai repris la joie du vélo en Gironde avec principalement de la belle piste. Ce jour-là, j’avais du temps pour bien m’arrêter pour ramasser les déchets et je crois avoir battu mon record de cueillette de masques.
J’ai eu un passage à côté d’une autoroute avec des embouteillages. C’était avec une descente, j’étais en plein instant d’éclat de joie à écouter de la super musique et pédaler à fond. Ironie des contrastes de situations.
Étant arrivé en avance j’en ai profité pour aller voir l’océan, l’élément fort autour de ce projet. Avec les Gojira qui y sont connectés et qui s’engagent à sa protection, puis la connexion aux peuples de l’autre côté de l’Atlantique. Et comme dans beaucoup d’endroits, ma cagette interpelle et provoque de belles rencontres.
Ce soir-là j’allais être hébergé par une fan de Gojira qui m’avait invité sur un groupe Facebook. C’était la première fois qu’elle accueillait un étranger chez elle. On s’est très vite entendu et elle est rapidement devenue à l’aise. Un moment fort car nous partageons la même admiration pour ces personnages, la musique qu’ils font et l’amplitude de leur impact avec le message qu’ils passent.
Vielle-Saint-Girons – 120km
Une journée très intense. J’ai décidé de faire un arrêt à la dune du Pilat, une merveille naturelle. Et c’est une journée spéciale, car c’est la date des 3 ans du départ de mon grand frère. Alors j’ai voulu lui rendre un hommage en haut de cette dune, face à l’océan. J’ai dû faire un petit effort physique pour monter avec le vélo avec un soleil très vif. Mais encore une fois j’étais énergisé par la musique de Gojira. Sur le haut de la dune j’ai chanté l’air du morceau « The Chant » qui est une sorte d’hymne de solidarité envers les peuples opprimés.
Dans ce clip, ils parlent de la génocide culturel du peuple Népalais:
Sur le chemin, un peu avant Biscarosse, la piste nous fait passer par un magnifique bout de forêt avec des petites montées et descentes accompagnées de virages. Gros kiff!
Arrivée à Ondres! 60km
Après une nuit passée avec des amis d’amis j’ai pris la route plus heureux que jamais. La dernière ligne droite avant d’atteindre la plage de Ondres et le début de la quête de rencontre des gars de Gojira.
J’ai donc continué de descendre les Landes à travers les forêts sur la Velodyssée avec le bon air frais de l’océan et le bruit des vagues.
En un coup de vent, je suis enfin arrivé à la plage d’Ondres! Elle m’attendait avec de très belles vagues. Je venais de conclure cette mini aventure à vélo avec que du positif à retenir. Le temps de me tremper les pieds dans l’eau et de me remettre de mes émotions, j’ai commencé à parler aux locaux pour savoir si certains sauraient comment j’allais pouvoir rencontrer les Gojira.
On m’a recommandé d’aller au PMU. De là on m’a donné les informations pour me rendre à la maison où les frères Duplantier ont grandi. J’y suis allé et j’ai tout d’abord découvert ce lieu dont j’avais vu quelques images dans le clip « Low Lands » qui avaient nourri mon imagination.
Je me suis arrêté un instant face à cette vue, ces arbres, cette ambiance, cet univers dans lequel les Duplantier ont grandi. J’ai pris une grande respiration, puis j’ai avancé. Pour trouver cette maison, où j’ai rencontré leur père avec lequel nous avons eu un bel échange cordial, je lui ai raconté le projet derrière ma venue, sans lui demander quoi que ce soit, puis à la fin il m’a expliqué qu’il avait comme instruction de ne pas communiquer les coordonnées de ses enfants.
Ce que j’ai bien évidemment compris. Je l’ai remercié pour sa gentillesse , puis je suis parti. Je me suis arrêté à la sortie, car intérieurement j’étais un peu déçu. J’avais espoir que cette rencontre allait plus me rapprocher de mon objectif. Après un instant de remise en question, je me suis dit que c’était en avançant que les choses se réalisent. Alors j’ai repris le vélo et j’ai avancé. Direction le PMU, où une bière fraîche allait m’apporter le bien dont j’avais besoin. Mais juste avant d’y arriver j’ai vu le centre de jeunesse qui était ouvert et je suis allé dire bonjour.
J’ai découvert qu’ils faisaient une distribution de nourriture pour jeunes en difficulté. Après un instant où j’ai pu recueillir quelques informations qui allaient peut-être me rapprocher de mon but, le responsable m’a invité à le suivre à vélo vers Bayonne où il loge dans un habitat collaboratif, d’où il y aurait sûrement des habitants heureux de m’accueillir. Nous sommes arrivé et j’ai rencontré cette femme incroyable qui m’a laissé son appartement ouvert alors qu’elle partait.
Bayonne
Le temps que mon enquête porte ses fruits et que les étoiles s’alignent , j’ai décidé d’aller à la découverte des belles initiatives de Bayonne. Pour ça j’ai jeté un oeil dans le Guide Tao, qui référence 2000 idées et adresses pour voyager engagé en France. Une petite entreprise dont mon ami Nicolas Breton fait partie de l’équipe. C’est un voyageur exceptionnel qui a écrit un petit bouquin que j’adore: Hors des sentiers battus
Txirrind’ola – Atelier vélo
C’est l’incroyable communauté de Bayonne qui se rassemble dans un lieu pour promouvoir l’usage du vélo en ville en facilitant l’entretien et la réparation des vélos.
Le vélo c’est bon pour la ville… Même pour ceux qui n’en font pas !
Ils récupèrent un paquet de vélos, dont ils prennent ce qui peut être utilisé pour faire des vélos en état de rouler. Ils recyclent le métal non utilisé, vendent les vélos aux membres à bas coût, donnent à des associations qui aident les migrants et autres personnes en difficulté. Les vélos pour enfants peuvent être échangés jusqu’à la taille 24 pouces. Ils proposent des prêts de vélo pour étudiants ainsi que le marquage des vélos pour lutter contre le vol. Et ils organisent des « vélorutions« , parades festives sur les vélos décorés pour l’occasion, au tintement des sonnettes, permettent de revendiquer l’entière place du vélo dans la ville, de montrer la joie associée à ce mode de déplacement doux. Et ils utilisent la monnaie locale l’Eusko!
Bref, génial! Vive le vélo. Bravo.
Otsokop – Le supermarché coopératif et participatif
Un lieu pour reprendre activement le contrôle de notre consommation. En devenant coopérateur, on se lance dans une aventure humaine et collective. En toute transparence, les décisions sont prises ensemble sur quels produits vendre et à quel prix. Ainsi on sait exactement tout sur ce qu’on achète. Ils privilégient principalement le bio et local, puis ils ont quelques produits de première nécessité en non-bio pour pouvoir aussi offrir de très bas coûts.
La souscription minimum à Otsokop est de 10 parts sociales de 10 €, soit 100 €. Il s’agit d’un investissement unique, remboursable si on quitte la coopérative.
Les bénéficiaires des minima sociaux, les jeunes de moins de 26 ans et les personnes effectuant un service civique, peuvent souscrire pour seulement 10 €/eusko.
Ensuite les coopérateurs participent à 3h par mois à des tâches diverses du magasin.
La consécration!
Sur ce vélo, pendant plus de 400km j’ai chanté, j’ai chanté et j’ai chanté. Au son de Gojira, pour faire entendre mon soutien aux peuples d’Amazonie et tous ces autres peuples qui souffrent.
Mes petits oiseaux m’ont entendu et sont allés siffler aux oreilles des membres du groupe que je vibrais fort grâce à eux dans le même sens que leurs engagements pour défendre le vivant.
J’ai eu le plaisir de vivre avec Christian Andreu, le guitariste du groupe, un moment de partage et de travail sur cette terre de maraîchage bio.
J’ai pu découvrir un peu plus sur l’humain derrière ce personnage emblématique qui, avec ses confrères, nous offre depuis 25 ans une musique et un message fort qui nous unis et nous rappelle que nous faisons partie d’un tout qu’on se doit de protéger.
J’ai été ravi de voir qu’en dehors de sa vie de musicien il est dans la lutte pour la souveraineté alimentaire ainsi que l’alimentation saine et engagée.
J’ai trouvé un frère de cœur en lui. Et de même pour lui en moi.
On s’est pris fort dans les bras en se disant au revoir.
Je lui ai offert l’énergie de ces kilomètres à vélo et années de vagabondage engagé pour l’humain et la nature.
Il m’a offert l’énergie de ces années à tout donner de lui-même sur scène face à des centaines de milliers de personnes.
Et nous allons utiliser cette conjonction de force positive pour continuer à aller de l’avant.
De retour sur mon vélo, j’ai versé quelques larmes dorées, de la beauté de ce que je venais de vivre.
Continuez à croire en vous et en vos rêves.
Votre vie importe.
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