Aujourd’hui un nouveau défi s’est présenté à moi.
70 km à vélo sur une route sans bande d’arrêt.
Avec montées, descentes et virages.
Puis sous un soleil de plomb, autour de 40 degrés.
Dans ce contexte de jungle de goudron, je suis le plus vulnérable et je dois me plier à la loi du plus fort.
Là, ces énormes camions et ces voitures qui roulent à toute vitesse sont un réel danger pour moi.
Mes ennemis, mes peurs.
Mon parcours de vie m’a montré qu’il faut embrasser ses peurs, pour apprendre à les connaître, puis les dompter.
Alors c’est ce que j’ai fait.
J’ai pris cette route si dangereuse.
Puis j’ai improvisé.
J’ai commencé par regarder alternativement devant et derrière moi, sans arrêt.
Puis j’ai fait la paix avec mes ennemis.
J’ai salué tout le monde.
D’un grand geste de la main ouverte « salut à toi ».
Puis le pouce levé « cool » énergie positive.
Auquel ils répondaient d’un coup de klaxonne.
Geste d’amitié, de reconnaissance et de fratrie.
Et je m’écartais de la voie.
D’un simple geste, j’ai transformé une situation de conflit, source de haine et de peur.
En un petit moment de joie. Instant de connexion humaine.
Il n’y a pas de solution dans les conflits.
Pas de progrès.
Dans ma vie personnelle, qui liée à ma vie de photojournaliste, je trouve essentiel d’échanger avec les personnes aux opinions opposées aux miennes.
Pour essayer de comprendre comment elles sont amenées à penser de cette manière, ouvrir le dialogue et ainsi peut-être faire évoluer nos opinions.
Et alors j’ai pu parcourir cette route.
Seul, libre.
Sans dieu ni maître.
Maître de personne d’autre que moi-même.
Mes décisions, mes actions.
Avec les dieux de tous les horizons à mes côtés.
J’ai choisi de n’appartenir à aucun groupe.
Pour le même désir de paix.
Je respecte les croyances de tous.
Je suis Humain (bipède sur deux roues en ce moment).
J’ai témoigné de nombreuses scènes que ni la science et ni la raison ne peuvent expliquer.
Alors j’accepte que tout ne s’explique pas et qu’il existe quelque chose qui gouverne ce que notre esprit humain ne maîtrise pas.
Je noue un lien d’amitié avec eux.
Sur les routes comme sur les océans, je communique avec eux à travers le soleil et les étoiles.
Je leur demande de veiller sur les personnes que j’aime.
Et d’apporter un peu de réconfort aux personnes qui n’ont pas la chance que j’ai.
Car tout est lié sur Terre et nous devons tout faire pour aller vers un meilleur équilibre.
Pour ma part, je continue mon chemin, sur cette route.
Sans trop réfléchir, juste sentir.
Je sens les muscles de mes jambes qui me pince.
Et j’ai les fesses irritées.
Une amie qui a beaucoup souffert physiquement m’a expliquée que la souffrance physique est bien moindre que la souffrance mentale.
Alors je me dis que en continuant de pédaler, ça va m’aider à calmer mes douleurs internes.
À 31 ans, j’ai déjà tant gagné et beaucoup trop perdu que j’ai perdu le désire de gagner et j’ai le sentiment de n’avoir rien à perdre.
Je vais offrir mon énergie vers ce qu’il reste à l’intérieur de moi: mes valeurs.
Je vais porter haut et fort, partout où le vent me portera, la bannière de l’humanisme, liée à l’environnementalisme.
Amour de l’Humain et amour de tout le vivant.
Et crier de tout mon cœur « Vive la vie! »
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